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Être marseillais

Fortuné Cadet

1921

Interprètes: Fortuné Cadet,



Fortuné Cadet



Mais, être Marseillais, ô bonheur sans égal !
C'est naître en plein soleil, par un coup de mistral
Dans la plus belle ville et sans y prendre garde,
Voir, en ouvrant les yeux, la Vierge de la Garde !
Que l'on soit du Canet ou de la Porte d'Aix,
C'est grandir en tétant un quignon frotté d'ail ;
C'est aimer son quartier où, niston on fourmille
En jouant à la raie, à morfion, aux billes ;
C'est tailler son école ; aller en tourbillon
Chouner aux Catalans ; faire le bataillon ;
C'est marcher dans la rue plus fier qu'un santibelli
Et montrer aux passants un vaste chichibelli ;

C'est, lorsque l'on devient un jeune, un peu plus tard ;
Etre un type à la coule et aller au pétard ;
C'est aimer simplement nos petites nistonnes
Avec leurs yeux de braise et leurs airs de madones ;
Aller au baletti, faire les petits pas ;
Filer la rente à Choise entre deux mazurkas ;
Se saper en rupin, se coiffer d'une bâche ;
Faire voir que pour tout on est à la renache ;
Manger très soou de muscle en passant sur le Quai ;
Avoir du bon pastis dans sa piaule planqué,
Dégotter une rague où le roucaou y pite ;
Avoir des mouredus, des piades qui s'agitent ;
Savoir faire avec art un aïoli puissant,
Une rouille, un coulis, surtout, avoir l'accent !

C'est aimer le soleil, notre belle Corniche ;
Balader en tramways auprès d'une bibiche ;
Aller au cabanon ; pas forcer le jeudi
Et pour se reposer, l'Alcazar le lundi ;
C'est la mer, la jetée et notre Canebière ;
On a beau la chiner mais elle est là, très fière,
Elle commence au Cours pour finir à Pékin.
Et le ciel le plus bleu lui sert de baldaquin !
Ah ! vous pouvez blaguer les gens de la Provence,
Notre langue est de race, elle tient de France ;
Si l'on met pas les points sur le i en parlant,
Nous les mettons ailleurs quand on est insolent.

"Té mon bon !" "quès aco ?" sont des mots hors d'usage ;
Le Marseillais, peut-être, est simple en son langage,
Mais il est naturel, sincère, honnête et franc
Et ne dit jamais : Noir quand il a pensé : Blanc !
C'est accrocher partout un peu de sa jeunesse
En galéjant toujours et, quand vient la vieillesse
S'en aller lentement d'un pas triste et lassé
Vivant les souvenirs d'un si joyeux passé
Avec sa bonne vieille à qui l'on est fidèle
Puis, un soir sans regrets, c'est fermer la parpelle
Dans ce joly pays aux coins ensoleillés...
Et voilà ce que c'est que d'être Marseillais !
































Cette chanson existe sur les CD suivants :

Marseille 1921 - 1951.
Par Fortuné Cadet

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